Paris, le 3 novembre 2009
Monsieur Manuel Valls
Député-Maire
Mairie d’Evry
Place des Droits de l’Homme
et du Citoyen
, 91000 Evry
Monsieur le Député-Maire,
Je suis informé par mes amis de « Evry-Palestine » de votre refus d’accueillir, contrairement aux années précédentes et à vos engagements récents, la nouvelle édition des « refuse d’(accueillir » qui se tiendront le 28 novembre prochain en l’Hôtel de Ville d’Evry.
Cette décision soudaine, sans explications et en rupture avec vos engagements auprès des organisateurs, a provoqué une réaction légitime de 19 associations et partis qui ne peuvent comprendre – et moi avec eux – ce revirement qui constitue une rupture sérieuse relativement à votre engagement sur ce sujet tel que j’ai pu le connaître par ailleurs [1].
Cette situation alimente une émotion d’autant plus forte et vive que votre ville est jumelée avec un camp de réfugiés situé dans la bande de Gaza.
Gaza qui subit un blocus inhumain et illégal depuis plusieurs années. Gaza qui a été l’objet, il y a un an, d’une guerre effroyable se déroulant sous nos yeux, une guerre qui a donné lieu, devant l’épouvantable, à la constitution d’une mission officielle de l’ONU conduite par un homme particulièrement qualifié, le juge Goldstone.
Ce dernier vient de rendre un rapport conséquent et détaillé sur les événements tragiques qui ont ensanglantés cette région dans lequel il précise que se sont produits durant cette période – qualification suprême en droit international – « des crimes de guerre », voire « des crimes contre l’humanité ». Ce rapport a été adopté par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
Alors que Gaza vit toujours un blocus terrible et que l’Etat d’Israël est dirigé par un gouvernement ultra qui accentue jour après jour, malgré les clairs appels de la communauté internationale, la colonisation illégale des Territoires palestiniens, Jérusalem-Est inclus, et qui refuse ostensiblement toute solution de paix basée sur le droit international pertinent, votre décision est choquante.
Elle est même incompréhensible ou alors que dois-je comprendre ?
Aujourd’hui plus que jamais la paix au Proche-Orient est entre les mains de tous, des citoyens du monde et des élus. Elle passe par Evry et ces « Six heures pour la Palestine ».
Elle passe indéniablement par le maintien de la tenue, plus que jamais dans l’Hôtel de Ville, de cette initiative où, comme vous le savez, seront présents pour témoigner des Palestiniens et des Israéliens.
Chacun est convoqué par cet enjeu : la paix au Proche-Orient, tandis que cette perspective bénéfique pour tous s’éloigne de jour en jour avec la politique du pire menée par l’actuel premier ministre israélien.
Monsieur le Député-Maire,
Je joins ma voix à celle des 19 associations et organisations qui vous appellent à revoir votre position et à renoncer… à votre renoncement.
Je ne vois rien, tout au contraire, qui puisse vous amener à cette rupture. Quelque soit votre visée pour l’avenir elle ne peut vivre en se détachant de fondamentaux ou en les faisant éclater. Et cette question du Proche-Orient est fondamentale.
Votre engagement auprès du camp des réfugiés de Khan Younis, dans la bande de Gaza, accroît vos responsabilités. Ces réfugiés vous regardent aussi aujourd’hui. Isolés du monde ils ont besoin que les mains se tendent vers eux si on veut éviter le pire. Et comme êtres humains nous devons, c’est notre spécificité, être solidaires.
Je fais donc appel, par cette lettre, à votre sens des responsabilités qui ne peut pas vous avoir quitté.
Je vous prie de croire, Monsieur le Député-Maire, en l’assurance de salutations distinguées.
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS